Une pratique encore méconnue consiste à mettre en terre des pommes de terre en septembre, pour une récolte inattendue quelques semaines plus tard.
La culture tardive de la pomme de terre intrigue et divise. Alors que la majorité des plantations s’effectuent au printemps, une poignée d’initiés mise sur un second cycle à l’approche de l’automne. Cette stratégie, à contre-courant des habitudes, suscite autant de curiosité que de scepticisme.
Un calendrier qui bouscule les habitudes
Les statistiques agricoles montrent que plus de 90 % des pommes de terre sont plantées entre mars et mai en France. Pourtant, des jardiniers amateurs et quelques maraîchers expérimentent depuis plusieurs années une plantation de septembre. L’idée est simple : profiter de la douceur des sols encore tièdes et de l’humidité naturelle pour relancer une pousse rapide.
JardinageLe paillage de septembre : ceux qui l’ont testé ne reviennent jamais en arrièreFace aux aléas climatiques, cette méthode séduit. Les automnes récents, plus longs et plus doux, offrent une fenêtre de culture supplémentaire. Mais cette pratique reste encore marginale et soulève des interrogations sur la qualité et la quantité de la récolte.

Des témoignages qui interpellent
« J’ai tenté cette expérience l’an dernier, en mettant quelques tubercules en terre début septembre. À ma surprise, j’ai récolté de petites pommes de terre dès la fin octobre. C’était modeste, mais largement suffisant pour un gratin familial », m’a confié Marc, jardinier amateur en Bretagne.
Son récit illustre une tendance émergente : l’envie de tirer parti d’un cycle court en fin de saison. Les témoignages se multiplient, certains évoquant une récolte plus généreuse, d’autres insistant sur le caractère aléatoire de l’expérience.
Les conditions qui favorisent la réussite
Planter en septembre ne s’improvise pas. Le choix du sol, de la variété et des conditions météo joue un rôle déterminant. Les variétés précoces, comme la ‘Charlotte’ ou la ‘Amandine’, sont privilégiées pour leur rapidité de développement.
- Un sol encore chaud (autour de 15 °C) favorise la germination.
- Une humidité régulière mais sans excès limite les maladies.
- Un paillage léger protège des premières fraîcheurs nocturnes.
- Un suivi régulier permet d’anticiper les gelées précoces.
Ces paramètres conditionnent le succès. Un automne doux peut offrir une récolte correcte, alors qu’un refroidissement brutal stoppe la croissance et réduit l’effort à néant.
Quels rendements espérer ?
Les récoltes automnales n’atteignent pas celles du printemps. Mais elles présentent un avantage : la fraîcheur des tubercules et la possibilité d’étaler la consommation. Les jardiniers parlent souvent de « récolte bonus », qui vient compléter celle de l’été.
Période de plantation | Durée avant récolte | Rendement moyen |
---|---|---|
Mars – Mai | 90 à 120 jours | 10 à 15 tubercules par pied |
Septembre | 60 à 70 jours | 4 à 8 tubercules par pied |
Ce tableau illustre la différence nette entre les deux périodes. Si le rendement est moindre, la rapidité d’obtention et la qualité gustative séduisent ceux qui cherchent à prolonger leur saison potagère.

Un pari risqué, mais stimulant
La plantation de septembre divise les jardiniers. Certains y voient une opportunité d’optimiser leur terrain, d’autres dénoncent une prise de risque inutile face aux aléas climatiques. Pourtant, l’intérêt croissant pour cette pratique révèle une volonté d’adapter les cultures aux nouvelles réalités météorologiques.
« Je préfère tenter et récolter un peu que de laisser mon potager vide à l’automne. Même si la récolte est modeste, elle a une saveur particulière, celle de la surprise », conclut Marc, fidèle à son approche expérimentale.
Planter des pommes de terre en septembre, c’est accepter un pari. Pas celui d’un rendement massif, mais d’une expérience différente, qui bouscule les codes et invite à repenser le rythme du potager. Une pratique qui, selon les conditions, peut transformer l’automne en saison de récolte inattendue.